Confusion
Par Michel Chaput, vendredi 15 juin 2007 à 09:24 :: Coup de gueule :: #46 :: rss
Dans le Monde.fr de ce jour a filtré une nouvelle relative à la dernière réunion de l’UMP qui s’est tenue lundi matin…A l’Elysée sous la direction de Nicolas Sarkozy :
« le président de montrer l'exemple : jouant les grands seigneurs, il a proposé ...
« le président de montrer l'exemple : jouant les grands seigneurs, il a proposé ...
... aux participants de la réunion de retirer "sans condition ni négociation" le candidat de l'UMP arrivé en seconde position derrière François Bayrou, dans la deuxième circonscription des Pyrénées-Atlantiques. Il s'agit de Jean-Pierre Mariné, qui a obtenu 25,92% des suffrages au premier tour. »
Deux types de confusion participent de cet épisode.
Confusion des genres tout d’abord. L’Elysée n’est pas l’UMP et vice-versa. Le Président de la République n’est pas celui de l’UMP. On se souvient que Nicolas Sarkozy a démissionné de ce poste officiellement le soir de son élection nationale.
C’est donc le signe que le Président persiste à considérer que toutes les fonctions lui appartiennent, qu’elles lui reviennent de droit et qu’il est seul habilité à les exercer. Il sera donc également, selon son bon plaisir, 1er Ministre, Ministre, Secrétaire d’Etat, Préfet, procureur, Instructeur, policier etc…
A tant faire, il pourrait aussi devenir chômeur ou cheminot, vendeuse ou banquier, rien ne lui résiste. Au moins serait-il ainsi renseigné plus utilement de l’état de la France et du moral des Français, par le terrain et pas seulement par ses amis du CAC 40, à l’occasion de croisières inaccessibles au commun des mortels.
Mais la confusion prend une autre dimension lorsqu’elle se double de manoeuvres politiques de plus bas étage.
Il ne suffisait pas que François Bayrou se soit opposé deux ans, fut-ce modérément, à la politique du gouvernement de Villepin. Il ne suffisait pas que l’UMP ait exercé sur sa candidature des pressions à la limite de la menace et de l’insulte pour le réduire au silence. Il ne suffisait pas qu’il ait ridiculisé le dialogue ouvert entre lui et Ségolène Royal entre les deux tours, initiative traitée avec le mépris le plus voyant. Il ne suffisait pas que, comme pour le parti socialiste, il ait tenté, et réussi d’en débaucher le plus grand nombre d’éléments.
Il faut maintenant le réduire à néant.
Ainsi donc, le candidat de l’UMP a été désigné pour retirer volontairement et spontanément sa candidature, et ne laisser au Béarnais que l’amertume d’être élu avec les voix indiscutables (dira la presse) de la Majorité Présidentielle. A moins qu’il ne fasse acte d’héroïsme politique en se retirant à son tour pour n’être pas souillé par la vague bleue. Mais cet héroïsme semble si suicidaire qu’il s’avère quasiment impraticable. François Bayrou devra donc se résigner, quoiqu’il en dise, à être élu par les voix de Sarkozy. En attendant, bon nombre d’électeur de gauche auront été abusé par cette manœuvre. Sic transit gloria mundi…
D’une pierre deux coups, disais-je, car les « méchants » ayant maintenu leur candidat contre Bayrou seront bien sûr les socialistes. Manière pour Sarkozy de faire une politesse au PS en tentant à l’avance de couper les ponts à toute tentative de réflexion commune.
Certains s’en réjouiront ou s’en amuseront. Je considère pour ma part que lorsque les responsables politiques sont mis en situation par le pouvoir de se retirer ou de n’être élus que par leurs adversaires, ou encore de ne plus pouvoir s’exprimer librement d’un parti à l’autre, nous sommes dans une amorce de régime autoritaire qui n’avoue pas son nom.
C’est aussi contre ces pratiques insidieuses et non démocratiques que je voterai Dimanche pour le PS. C’est une question de conscience.
Michel CHAPUT
Deux types de confusion participent de cet épisode.
Confusion des genres tout d’abord. L’Elysée n’est pas l’UMP et vice-versa. Le Président de la République n’est pas celui de l’UMP. On se souvient que Nicolas Sarkozy a démissionné de ce poste officiellement le soir de son élection nationale.
C’est donc le signe que le Président persiste à considérer que toutes les fonctions lui appartiennent, qu’elles lui reviennent de droit et qu’il est seul habilité à les exercer. Il sera donc également, selon son bon plaisir, 1er Ministre, Ministre, Secrétaire d’Etat, Préfet, procureur, Instructeur, policier etc…
A tant faire, il pourrait aussi devenir chômeur ou cheminot, vendeuse ou banquier, rien ne lui résiste. Au moins serait-il ainsi renseigné plus utilement de l’état de la France et du moral des Français, par le terrain et pas seulement par ses amis du CAC 40, à l’occasion de croisières inaccessibles au commun des mortels.
Mais la confusion prend une autre dimension lorsqu’elle se double de manoeuvres politiques de plus bas étage.
Il ne suffisait pas que François Bayrou se soit opposé deux ans, fut-ce modérément, à la politique du gouvernement de Villepin. Il ne suffisait pas que l’UMP ait exercé sur sa candidature des pressions à la limite de la menace et de l’insulte pour le réduire au silence. Il ne suffisait pas qu’il ait ridiculisé le dialogue ouvert entre lui et Ségolène Royal entre les deux tours, initiative traitée avec le mépris le plus voyant. Il ne suffisait pas que, comme pour le parti socialiste, il ait tenté, et réussi d’en débaucher le plus grand nombre d’éléments.
Il faut maintenant le réduire à néant.
Ainsi donc, le candidat de l’UMP a été désigné pour retirer volontairement et spontanément sa candidature, et ne laisser au Béarnais que l’amertume d’être élu avec les voix indiscutables (dira la presse) de la Majorité Présidentielle. A moins qu’il ne fasse acte d’héroïsme politique en se retirant à son tour pour n’être pas souillé par la vague bleue. Mais cet héroïsme semble si suicidaire qu’il s’avère quasiment impraticable. François Bayrou devra donc se résigner, quoiqu’il en dise, à être élu par les voix de Sarkozy. En attendant, bon nombre d’électeur de gauche auront été abusé par cette manœuvre. Sic transit gloria mundi…
D’une pierre deux coups, disais-je, car les « méchants » ayant maintenu leur candidat contre Bayrou seront bien sûr les socialistes. Manière pour Sarkozy de faire une politesse au PS en tentant à l’avance de couper les ponts à toute tentative de réflexion commune.
Certains s’en réjouiront ou s’en amuseront. Je considère pour ma part que lorsque les responsables politiques sont mis en situation par le pouvoir de se retirer ou de n’être élus que par leurs adversaires, ou encore de ne plus pouvoir s’exprimer librement d’un parti à l’autre, nous sommes dans une amorce de régime autoritaire qui n’avoue pas son nom.
C’est aussi contre ces pratiques insidieuses et non démocratiques que je voterai Dimanche pour le PS. C’est une question de conscience.
Michel CHAPUT
Commentaires
1. Le vendredi 15 juin 2007 à 13:01, par manuel navarro
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